Plus de 240 femmes accusent Christian Nègre, un haut fonctionnaire du ministère de la Culture, de les avoir droguées à leur insu lors d’entretiens d’embauche. Dix ans après son agression, Sylvie Delezenne témoigne dans l’émission…
Quelle histoire affreuse !
Comment cela joue-t-il sur votre façon de vous percevoir comme victime ?
"C’est très compliqué, parce que je suis dans une zone grise aux yeux de beaucoup de gens. Je n’ai pas été violée, je n’ai pas été endormie, il ne m’a pas “touchée” au sens où on l’entend habituellement. Alors je me retrouve tout en bas de "l’échelle des victimes
Quelle zone grise ? Cette histoire est clairement celle d’une agression. Il n’y a pas de doute là-dessus. Il faut vraiment avoir le cœur dure comme la pierre pour imaginer autre chose. C’est révoltant…
Je suis 100% d’accord et je vais pas du tout minimiser les faits, au contraire c’est le signe d’à quel point la culture du viol est ancrée et banalisée dans notre société.
Mais du coup, c’est assez classique chez les victimes de se percevoir comme bien moins victime qu’elles ne sont. C’est aussi un moyen de se protéger. Qui plus est quand l’agression semble si peu “invasive”, surtout comparé à l’image fantasmé qu’on a d’une agression sexuelle violente pénétrative etc etc.
J’ai aussi subi des agressions, des plus ou moins “charnelles”, d’autres où on m’a à peine touchée. Une qu’on peut caractériser de viol. Si j’en parle, si j’explique ce qui s’est passé à des gens IRL, on minimise. On m’explique que c’est pas ça. Que c’est une mauvaise blague, un geste déplacé etc. Et c’est pareil pour tout le monde. Donc on intériorise, on fait sien ce récit.
Là cet homme ne l’a même pas touchée, elle sait même pas quoi faire de ce qu’elle a subi. C’est pas nommable dans le paradigme de la culture du viol (si, mais tu m’as comprise). Je serais pas étonnée qu’il lui ait fallu des années pour ne serait-ce que comprendre que c’était une agression (sans même parler du côté sexuel). En tout cas je la comprends, je compatis. J’espère qu’elle trouvera toute l’aide dont elle a besoin.
Et lui… Bah, certaines femmes ont trouvé d’autres méthodes que la “justice”, je me demande si j’avais vu passer l’article ici ou sur reddit. Mais voilà
Pareil, mais à l’envers. Je veux dire que je minimisais, oui, mais c’est mon entourage qui m’a donné de la légitimité.
Quand le merveilleux flics de la brigade des mineurs qui s’occupait de mon affaire s’est platement excusé des mois écoulés entre le signalement et le début de l’enquête, je lui ai répondu que je comprenais très bien, que dans la salle d’attente j’étais seule (très) adulte parmi 10 mômes/ ados et que je préférais qu’il s’occupe en priorité des victimes actuelles plutôt que d’un truc vieux de 20 ans.
Il m’a regardée comme si j’avais deux têtes et a soufflé : “Madame, votre viol n’est pas moins important que les autres.”Quelle honte ! Ça ne demande pas des montagnes d’empathie de comprendre que la souffrance d’une personne ne peut être connue que par elle, qui l’a vécu.
Et dans la situation que décrit l’article même en refusant de voir la souffrance de la victime, on a :
- la préméditation
- une soumission chimique
- l’abus de pouvoir pas forcément dans le sens juridique mais on parle d’une femme qui avait besoin d’un emploi pour vivre
- le désahabillage forcé, quand bien même il n’a pas eu lieu avec la main
- le voyeurisme
- la souffrance physique ressentie au moment de l’agression et après, à cause de ce qui lui a été administré
- la réalisation violente que quelque chose d’affreux vient de se passer à la vue d’une réaction physique importante…
Je n’ai pas envie de relire cette article qui m’a révolté une première fois mais il m’a semblé lire d’autre chose encore dans ce témoignage que je recevais pour la première fois pourtant.
Le tout dans un contexte professionnel dans lequel les sans-cœurs et sans-gêne ne peuvent pas dire “mais elle a essayé de le séduire” “sa tenue n’était pas correcte”.
Enfin bref c’est terrible, c’est révoltant… J’ai pas les mots…
Avec le ton je suis pas sûre si tu renchéris par dessus mon commentaire ou si je me fais engueuler. Mais on est complètement d’accord. C’est inhumain, c’est incompréhensible comment on en arrive là.
J’engeule la société dans laquelle nous vivons mais certainement pas toi.





